Interview réalisée par Julie Sicot pour le Petit Journal New York – Mai 2019
Le football, l’écriture, la famille, le travail à New York, Mathieu Tazo a décidé de ne pas choisir, de s’affranchir des barrières et de suivre son instinct. Il vient tout juste de publier son troisième roman : « Au Nom Des Pères ». Un récit historique situé dans le sud de la France, le lieu de son enfance.
Lepetitjournal.com New York : Jusqu’à vos 18 ans, vous étiez footballeur de haut niveau à Toulon, aujourd’hui vous travaillez à la Société Générale à New York, et entre temps trois romans, d’où vient cette passion pour l’écriture ?
Mathieu Tazo : Je crois que j’avais ça en moi. Quand le football est devenu moins important, je me suis dit, soit j’essaie d’écrire maintenant, soit je le ferai à la retraite. J’ai suivi un atelier d’écriture pendant un an à Paris, et j’ai vu que ça me plaisait vraiment. Mon premier roman n’a pas été publié, mais le second oui. Puis, j’ai repris entièrement l’écriture de ma première histoire et elle a été publiée. C’était le jour et la nuit entre les deux versions. Pour ce troisième livre, je n’avais pas d’idées en stock. Je suis parti d’une feuille blanche, alors j’ai relu et étudié les auteurs qui m’inspiraient. J’ai pris mon temps, il m’a fallu quatre ans pour l’écrire.
De quoi parle justement « Au Nom Des Pères » ?
La deuxième guerre mondiale a été déclenchée 21 ans après le premier conflit. À la fin de cette première guerre, tout le monde a dit « plus jamais ça », et puis malgré tout une vingtaine d’années après, le second conflit démarre. Les pères franco-allemands sur la première et les fils sur la seconde. L’histoire de mon roman se déroule sur 3 semaines à Marseille et Toulon en novembre 1942 et il permet de remonter le fil de l’histoire des enfants jusqu’aux parents. On lie/lit la grande Histoire à travers la petite histoire.
Vous avez une famille, un travail, quand écrivez-vous ?
C’est un travail de longue haleine. Je travaille souvent la nuit, quand la maison dort. Je m’adapte des heures pour écrire. Pour ce roman, j’ai dû faire quatre versions. Ecrire c’est quelque chose qui vous prend dans les tripes et intellectuellement les idées s’entrechoquent. D’habitude, je travaille tout seul, mais là je me suis fait accompagner par une coach littéraire, car j’avais besoin d’aller plus loin. Quand j’écris je suis juge et partie, c’est difficile. J’avais besoin d’un œil externe pour me poser des questions et ça a été génial. Avoir un peu d’objectivité m’a permis d’avoir une histoire plus forte, homogène.
Deux de vos romans se situent dans le sud de la France, vous n’êtes pas inspiré par New York, où vous vivez depuis sept ans ?
Il y a toujours une partie de soi dans ce qu’on écrit. Dans le dernier, il y a sûrement le souvenir des discussions que l’on avait avec le grand-père qui était dans la Marine Nationale, pendant la seconde guerre mondiale, la guerre d’Algérie et d’Indochine. Et ça se passe à Toulon, où j’ai grandi. Mon premier livre se déroulait dans le village du sud où j’allais en vacances avec mes amis. Le prochain se situera sans doute à New York et dans un futur proche, mais rien n’est figé pour l’instant.
Comment faites-vous pour promouvoir vos livres en France alors que vous vivez loin ?
C’est presque plus facile de faire ma promo à New York. Je vais rencontrer la communauté française le 8 juin à la Public Library de Caroll Gardens à Brooklyn. Je commence à avoir les premiers retours, c’est intéressant. Et je serai en France cet été pour les vacances et pour parler du livre aussi.